Conquérir les berges du Léman
L’aménagement des quais d’Evian doit s’inscrire dans une échelle spatiale et temporelle proportionnelle à son ancrage géographique: un grand paysage marqué par les bouleversements tectoniques mais également par la main de l’Homme. Il se doit d’écrire une page nouvelle de son histoire: Evian et ses rives doivent renouer un dialogue entre lac et montagne, entravée par l’omniprésence de la voiture. L’occasion est belle par le réaménagement des berges d’agir comme un trait d’union pour recoudre le paysage et de redonner un lieu de vie aux Eviannais. Le projet se nourrit de l’esprit des lieux, fortement influencé par une époque (la Belle Epoque) et par son environnement (lac et montagnes).
La ville a gagné sur le lac par une artificialisation de ses berges, les rives sont bordées d’empilements de pierres. Sur ces pierres perpétuellement humides en raison du ressac et des marées, se développe une végétation pionnière : les mousses. Par ailleurs, les jardiniers du siècle dernier ont orné la ville de nombreuses essences arborées, dont une très ancienne, le Gingko biloba. Ce dernier est le dernier représentant de son règne, témoin d’un autre temps. Cette image d’une végétation conquérante, défiant les éléments et le temps, montre la vigueur d’un monde végétal aujourd’hui malmené par l’urbanisation et menacé par le changement climatique. Cette image d’un végétal archaïque entre en écho avec l’échelle temporelle du grand paysage d’Evian, celle des temps géologiques.
Notre démarche paysagère pour les rives d’Evian est guidée par le désir de sensibiliser au processus millénaire qui a permis la structuration géophysique et biologique du paysage.
Le projet réorganise l’espace de manière à rééquilibrer le rapport entre minéral et végétal, et cherche à faciliter une recolonisation par la Nature d’un aménagement qui l’avait en grande partie exclue.